Le cafard
1 – Présentation des espèces
Les termes cafard, blatte et cancrelat sont synonymes.
L’ordre des dictyoptères regroupe toutes les espèces de blattes et de mantes. On y distingue deux sous-ordres les blattoptères (ou blattoptéroides) et les mantoptères (on parle aussi de blattidés et mantidés). Ce sont des insectes à cycle incomplet de métamorphose dont on connaît plus de 3500 espèces.
La fécondation de la femelle se fait par les voies génitales où le mâle injecte un liquide spermatique. Elle pond des oeufs groupés dans des sacs appelés oothèques contenant de 10 à 40 oeufs selon l’espèce.
Les larves subiront, suivant l’espèce, 7 à 10 mues avant d’atteindre l’âge adulte.
Les adultes possèdent deux paires d’ailes non fonctionnelles, qui peuvent leur servir à planer en cas de danger.
Dans les régions où vivent des espèces de taille importante (la blatte américaine) on peut observer des individus aptères mesurant 3 cm. Il s’agit de nymphes (dernier stade larvaire) de l’espèce, dont l’imago mesure lui 40 mm.
Les espèces les plus courantes en France sont:
· la blatte germanique
· la blatte orientale
· la blatte américaine
· la blatte australienne
On rencontre aussi la blatte rayée ou blatte à bandes brunes sous nos latitudes.
2 – La blatte germanique (Blatella germanica)
Physiologie
De couleur brun jaune à orange, elle a une taille de 15 à 20 cm à l’âge adulte
Son habitat de base se situe dans les colonnes vide-ordures, matériels de transport et collecte des ordures ménagères, conduits d’évacuation des graisses, égouts… Dans les appartements elle se réfugie dans des endroits chauds sombres et humides.
· dessous d’évier et de baignoires
· conduits divers (colonnes VO, aérations, chauffage…)
· WC et salles de bains
· placards
· moteurs des appareils électroménagers, chauffe-eau…
On la trouve presque exclusivement dans l’habitat collectif qu’elle peut facilement infester depuis son habitat de base, plus rarement dans les pavillons. Sa pénétration peut y être
– directe, par les égouts, conduits techniques…
– indirecte, cas d’une femelle pleine ramenée dans un sac à provisions, un camion de collecte d’ordures ménagères… Certains espaces constituent des réservoirs à cafards (égouts, vides sanitaires, chaufferies…) tous endroits favorables à leur présence et difficilement accessibles aux applicateurs.
Lors des traitements chimiques, on constitue par pulvérisation d’un insecticide rémanent, des barrières chimiques visant les cafardslors de leurs déplacements. Ces barrières sont imparfaites car il est impossible de quadriller complètement un bâtiment infesté. De plus, les insecticides dégagent des vapeurs qui ont un effet répulsif sur l’animal. Aussi, les cafards repoussés peuvent-ils trouver refuge dans ces espaces, y attendre la disparition de l’insecticide puis reprendre l’infestation. En milieu urbain, les égouts constituent un réservoir permanent de blattes qu’il est quasi impossible d’assainir totalement. C’est pourquoi les traitements effectués avec des gels alimentaires attractifs ont pris une telle importance.
Mode de vie
Comme toutes les espèces commensales de l’homme, les cafards vivent la nuit. Aux infestations repérées de jour correspondent des infestations graves donnant lieu, la nuit, à de véritables invasions durant lesquelles il n’est pas rare de voir des colonies sortir par nappes dans les cuisines et sur les paliers.
Nourriture
Omnivore, elle accepte toute nourriture depuis les détritus présents en abondance dans son habitat de base jusqu’à nos aliments qu’elle pollue en gagnant notre habitat et y occupant les cuisines, celliers, placards…
Reproduction et croissance
Elle affectionne une température de 25°C et un taux d’hygrométrie de 75%. Dans ces conditions idéales, une femelle vit en moyenne 280 jours dont 90 jours à l’état larvaire (passage de l’oeuf à l’imago)
L’accouplement se produit 5 à 8 fois en 80 jours, les oothèques contiennent de 20 à 40 oeufs. La femelle garde son oothèque dans ses voies vaginales pour la protéger.
Lorsque celle-ci est prête à éclore, elle la dépose dans un endroit favorable, protégé chaud et sombre (gaines diverses, recoins abrités, espaces tels l’arrière d’un revêtement mural décollé…)
Les femelles regroupent leurs oothèques dans des endroits communs, les nids de cafards, ce ne sont pas des endroits préférentiels de présence des adultes, mais des sites de couvaison choisis du fait de leur attractivité, éventuellement par la mise en jeu de phéromones d’agrégation. En cas d’infestation grave ces nids se retrouvent localisés dans des endroits très accessibles (par exemple derrière une moquette murale partiellement décollée, dans la fente un angle d’huisserie …)
Une femelle en danger, éjecte l’oothèque qu’elle porte, d’où cette légende qui prétend que, lorsqu’on écrase une blatte, elle donne naissance à des petits.
Remarque :
Une phéromone d’agrégation de l’espèce aurait récemment été mise en évidence ce qui pourrait bouleverser la pratique des traitements dans un proche futur.
3 – La blatte orientale (Blatta orientalis)
Physiologie
De couleur foncée, brun rouge à noir, elle présente une taille de 20 à 30 mm à l’âge adulte. Parmi les espèces commensales, elle est la seule à présenter, un phénomène de dimorphisme sexuel : les femelles ont des ailes atrophiées et donc une morphologie différente de celle des mâles.
Habitat
La blatte orientale occupe préférentiellement les caves, tous lieux sombres, humides et plutôt frais. Dans l’habitat collectif on la trouvera en sous-sols, vides sanitaires, locaux et galeries techniques, parkings… Elle peut gagner les structures supérieures d’un bâtiment lorsque
· il est libre de blattes germaniques (ces espèces sont antagonistes)
· il existe un manque de nourriture en sous-sol et de forts éléments attractifs en étages
Cycle
Sa durée de vie moyenne est de il mois dont 8 à 9 passées à l’état de larve et nymphe, et 2 à 3 à l’état adulte. Une femelle est fécondée 13 à 15 fois au cours de sa vie, chaque oothèque contient 12 à 16 œufs.
4 – La blatte américaine (Periplaneta americana)
Physiologie
Elle se distingue de la blatte germanique par
· sa taille (4 cm à l’état adulte)
· sa couleur, plus foncée
· deux tâches symétriques foncées, entourant une zone plus claire, situées sur son pronotum (partie supérieure du pro-thorax)
Ses ailes recouvrent largement son corps.
Cycle
Sa durée de vie est de 16 mois de la ponte à la mort. Elle passe environ 1 mois à l’état d’oeuf, 8 mois à l’état de larve et nymphe et 7 mois à l’état d’imago. Une femelle est fécondée de 12 à 30 fois au cours de sa vie, chaque oothèque renferme 12 à 16 oeufs.
Habitat
Elle fréquente le même type d’habitat que les blattes germaniques mais les 2 espèces sont antagonistes et ne se retrouvent pas sur un même site. La blatte américaine a une forte tendance à pratiquer les espaces extérieurs et les animaleries. On la trouve plus fréquemment que la blatte germanique dans les régions chaudes, sud de la France, pourtour Méditerranéen…
5 – La blatte australienne (Periplaneta australisiae)
C’est une blatte qui ne fréquente que la terre, les serres et jardineries. L’adulte mesure 40 mm. Sa durée de vie est de 15 mois dont 8 à l’état adulte. La femelle est fécondée 7 à 12 fois, chaque oothèque contient 20 à 28 œufs.
6 – Nuisances occasionnées par les cafards
6 -1 Germes et maladies
Deux avis s’opposent:
· les blattes, sont des animaux propres, injustement accusés de véhiculer des germes
· les blattes véhiculent des maladies graves
Comme tout insecte, une blatte procède régulièrement à sa toilette. Son exo-squelette n’est pas en soi un milieu favorable au développement de germes. De ce point de vue, les cafards ne devraient pas présenter de danger immédiat. Cependant, visitant notre habitat, ils proviennent d’endroits suspects (colonnes et locaux vide-ordures, gaines d’évacuation des graisses, égouts) riches en germes incorporés à des résidus et poussières qui s’agrippent aux poils de l’insecte. Ils peuvent ainsi nous communiquer divers germes pathogènes.
Ils régurgitent et réingérent plusieurs fois la nourriture avant de l’avaler, à l’endroit même où ils se sont nourris c’est à dire directement sur nos aliments, Ils sont donc susceptibles de nous communiquer leurs endogermes.
6 – 2 Autres nuisances
Leurs capacités mandibulaires et leurs aptitudes omnivores les rendent capables de broyer leur environnement le plus sensible (papiers et cartons, bois…). Des infestations importantes peuvent ravager des archives.
CARACTERISTIQUES DES BLATTES DOMESTIQUES
(chiffres approximatifs)
Blatte Germanique (Blatella germanica) |
Blatte Orientale (Blatta orientalis) |
Blatte Américaine (Periplaneta americana) |
Blatte Australienne (Periplaneta australisiae) |
|
Longévité des imagos | 6 mois | 4 mois | 10 mois | 8 mois |
durée du cycle oeuf-adulte à 25° C et hygrométrie70% | 4 mois | 15 mois | 12 mois | 7 mois |
durée du stade oeuf (jours) | 16/22 | 40/50 | 25/90 | N.C. |
nombre total de sacs d’oeufs | 5à8 | 6à 10 | 12à30 | 7à 12 |
nombre d’oeufs par oothèque | 20 à 40 | 12 à 16 | 12 à 16 | 20 à 28 |
lieux de présence préférentielle | cuisines, locaux et gaines VO, sous-sols,salles de bains | caves, sous-sols, lieux humides et frais | caves, gaines VO égouts, sous-sols, animaleries | serres, terreau, jardineries |
taille en mm | 15 | 20 | 40 | 40 |
couleur | brun jaune clair, orange | brun rouge foncé, noir | brun jaune foncé |
PRINCIPAUX GERMES PATHOGENES QUE PEUVENT VEHICULER LES BLATTES
GERMES | MALADIES | |
BACTERIES | Salmonella | Fièvre thyphoïde, gastro-entérite |
Staphyllococcus | Infection des plaies, abcès | |
Escherichia Coli | Infections intestinales et. urogénitales | |
Pseudomonas | Infection des plaies et des organes urogénitaux | |
Paracolobactrum | Gastro-entérites | |
Shigella | Diarrhée, dysenrerie | |
Mycobacterium Tuberculosis | Tuberculose | |
Pasteurella Pestis | Peste bubonique |
VIRUS | Plusieurs types de polyvirus | Poliomyélites |
PROTOZOAIRE | Entamoebia Histolytica | Dysenterie amibienne |
OEUFS DES VERS PARASITES |
Ascaris | Ascaris |
Oxyspirura | Oxyures | |
Taenia | Ténias | |
Ancylostoma | Ankylostomes |